L’exploration spatiale au service des terriens

Mondes collectifs Regards croisés

L’exploration spatiale au service des terriens avec Michel TOGNINI, astronaute

 

D'où vient ta vocation d'astronaute ? 

Tout jeune, j’ai été plongé dans le bain de l’aviation. Mon père était spécialiste de la communication par morse pendant les deux guerres. Il installait des bases pour communiquer avec les avions en Afrique et en Amérique du Sud. Cela permettait d’établir le contact avec les avions de première génération du type Super G constellation. J’avais remarqué que ces carrières étaient en pleine évolution. Je ne rêvais pas encore d’espace car les vols spatiaux n’existaient pas à l’époque. Youri Gargarine a effectué son premier vol en 1961. Après avoir hésité à faire une carrière de professeur de mathématiques, j’ai décidé de devenir ingénieur et pilote. A l’époque, on assistait à la naissance de l’aérospatial.

 

L’immensité de l’univers est un défi pour nos intelligences, comment garder le cap dans la quête de cet inconnu ?

Au niveau spatial, l'inconnu est un puissant moteur. L'inconnu nous apporte toujours des connaissances nouvelles et inattendues. Au-delà de notre atmosphère, nous apprenons beaucoup. Ces connaissances permettent de porter un regard neuf sur notre planète, de mieux la protéger et protéger les terriens qui l’habitent. En observant le devenir des autres planètes, nous prenons conscience des mesures à prendre pour préserver la terre. L’espace ouvre aussi le champ des découvertes d’énergies nouvelles.

 

Comment explorer encore plus loin l’inconnu ?

Il faut bien comprendre qu’il n’y a pas de dernière planète, de dernier système solaire. Imaginez l’univers comme un territoire sans frontières. La seule frontière que nous avons trouvée est celle qui sépare le monde visible du monde invisible. On a réussi à recenser dans le monde visible de très nombreuses exoplanètes. La température y oscille entre zéro et cent degrés. Elles pourraient resceller de l’eau et donc une possible vie. Le monde invisible aux confins de l’univers est inconnu. Nous continuons l’exploration. Et cette exploration fait évoluer notre vision de l’univers.

 

S’il n’y a pas de frontières, comment mener ces découvertes spatiales au lointain ?

Nous envoyons des télescopes dans l’espace. Notre défi est qu’ils puissent évoluer plus rapidement. Nos recherches se concentrent sur la mise au point de systèmes complexes dotés de motorisations de nouvelle génération. Grâce à des moteurs à plasma (du type VASIMIR) les systèmes que nous enverrons demain dans l’espace pourraient être en accélération constante à une vitesse plus importante pour voyager dans l’espace.

 

Peut-on rêver que les énergies de demain viendront de l’espace pour sauver la terre ?

La récupération de l’Hélium 3 sur la lune est une hypothèse prometteuse. Un seul mètre cube d’Hélium 3 fournirait l’énergie électrique à tout un continent pendant un an. Il y a aussi les stations spatiales solaires en orbite géostationnaire et les agences spatiales viennent de décider d’en faire une démonstration.

 

Comment les hommes et les femmes travaillent au sein des agences spatiales internationales ?

La découverte spatiale est devenue un exemple de coopération entre les pays. La mission Apollo Soyouz de 1975 a posé les fondements de la coopération entre russes et américains. La coopération permettra de mener à bien les projets futurs d'exploration. Depuis, elle est une pierre angulaire de la découverte spatiale.

 

Aux dirigeants en responsabilité d'hommes et de femmes et du développement économique, qu'aimeriez vous partager ? 

Je voudrais leur dire que toute mission complexe est une mission réalisable. Cela nécessite beaucoup d'énergie, beaucoup de sérieux. Il s’agit d’apporter toute la motivation nécessaire. Il faut de la persévérance, mais sans acharnement.

 

Interview réalisée par Alexia BELLEVILLE

 

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