
Sur les traces de Jules Verne : Romain Troublé, la suite
Comment compose-t-on la meilleure équipe pour partir en mer ?
Il ne suffit pas de faire appel aux meilleurs scientifiques. Il faut créer des complémentarités de compétences en alliant leur savoir-faire à d’autres expertises. C’est une alchimie, comme une équipe sportive ou même une entreprise, qui s’opère au fur et à mesure… difficile à décrire entre auto-organisation et dirigisme.
Qu’avez-vous envie de dire aux générations futures ?
Il est dans notre mission de montrer aux jeunes générations que tout est possible en fait. Il ne faut pas idéaliser les explorateurs. Chaque jeune peut concrétiser une action qui a du sens pour lui et envers la planète. Nous ne sommes ni des héros, ni des surhommes. En revanche, nous sommes convaincus que nous pouvons changer le monde évidemment sans naïveté. Alors pour leur partager nos rêves, leur montrer que c’est à portée de main, nous leur disons « Venez à bord du bateau, venez voir ce que nous faisons». Demain s'écrit aujourd'hui.
Sur quoi repose la réussite de vos projets ?
Il y a bien sûr une question qui me taraude : que va-t-il rester des fonds que nous investissons dans les programmes scientifiques et pédagogiques ? Personnellement, je ressens toujours une forte pression positive face à cela. Toute l’équipe se sent redevable d’être à la hauteur pour maximiser non pas le profit, mais l’impact. Dans la tempête actuelle, notre société a besoin de phares, d’indicateurs, de solutions pérennes, solides, fondées sur des résultats scientifiques vérifiés à l’instar des travaux du GIEC.
Quelles leçons tirez-vous des entreprises ?
Quand je rencontre une entreprise, c’est toujours plein d’enseignement, j’apprends beaucoup de leurs contraintes. Aller à la rencontre des salariés permet d’accueillir leurs questions, leurs idées, d’échanger de manière fructueuse. Quand une entreprise nous rejoint, c’est elle et tous ses salariés que nous « embarquons » à bord du bateau pour suivre nos actions expédition après expédition. Nous essayons de construire un dialogue susceptible à terme de faire bouger les business models. Diriger une entreprise est un véritable défi... Dans la situation actuelle, chaque chef d’entreprise a un rôle majeur à jouer pour mettre en mouvement tout un écosystème. On n’a plus le temps de se regarder en chien de faïence, il y a urgence. Seul un mouvement d’ensemble permettra de changer la donne, de renverser le match !
Comment expliquez-vous la dimension entrepreneuriale du projet ?
La Fondation Tara a été bâtie par des entrepreneurs qui l’ont faite grandir en investissant sur la durée, en prenant des risques sur un chemin peuplé d’incertitudes où personne ne nous attendait. Elle est devenue aussi ce qu’elle est aujourd’hui grâce à l’énergie et l’engagement de centaines de salariés, partenaires, bénévoles et chercheurs.
En quoi Jules Verne vous a-t-il inspiré ?
C’est profond, j’ai appelé mon fils Nemo… L’enfant que je suis veux partager l’idée que nous pouvons aller explorer la planète comme Jules Verne l’avait rêvé, et que c’est un chouette voyage en connaissance. Nous tentons à notre manière d’approcher les rêves de cet homme, l’écologiste qu’il était avant l’heure.
*Interview réalisée par Alexia Belleville